Une longue conversation avec Serge de 9 minutes ce matin, la voix pleine d’entrain et d’enthousiasme, il commence par me demander comment ça va et s’enquiert de savoir comment les choses se passent à Tana, sur la terre ferme. Je lui fais un court résumé de notre avancée, à nous, qui ne se compte pas en milles nautiques. Ce soir, notre deuxième conversation téléphonique sera plus brève, il est 18H45, heure malgache et il vient de se mettre au lit. Il aura ramé environ 10H effectives.
Voici les informations que j’ai pu glaner:
-Il dort bien, ne voit toujours pas de poissons autour de son bateau et se demande si cela ne vient pas de son ultrason. Middleton est équipé d’un ultrason qui génère des ondes au niveau de la coque afin d’éviter que les berniques, algues diverses viennent se coller dessus, ainsi Serge n’aura pas besoin de descendre dans l’eau pour la nettoyer.
-Il y a quelques mouettes qui passent au dessus de sa tête mais aucune ne s’arrête sur son bateau. Il mange bien et se fait réchauffer ses plats Fleury Michon, ce soir au menu: poulet, pommes de terre/ champignons.
-Il brûle, et a chaud, jusqu’à 36°C encore aujourd’hui sans compter la réverbération.
-Nous avons commencé à parler d’une éventuelle arrivée sur Sainte Marie et ce jour, j’ai évoqué la question avec Hubert Pasquier, ami de Loïc de Vannes, un ami. Et comme le dit le proverbe: les amis de nos amis sont nos amis. Bref, Hubert a débroussaillé le terrain sur l’Ile de Sainte Marie et c’est toujours précieux.
-Serge ne s’ennuie pas, c’est ce qu’il m’a affirmé ce matin, les journées passent vite d’autant que le moindre mouvement sur le bateau prend du temps, aller chercher une bouteille d’eau relève de l’expédition. Ne pas avoir de contacts par internet et donc avec le reste du monde ne l’affecte pas et ne s’infliger aucune contrainte autre que celle de ramer, manger, dormir, ne le dérange pas car il n’a qu’un seul objectif en tête, ramer, progresser et tenir son cap! C’est ce qu’il m’a répété ce soir. Il est tout même soucieux de savoir que le PSG va rencontrer le Barça le 15 avril sans Zlatan 🙂
-Il se plaint de sentir mauvais mais il était prévenu, quant à moi, je me demande si je ne vais retrouver un « lézard puant » dans un peu plus d’une semaine.
-Les estimations « de ce jour » font état d’une arrivée possible sur Sainte Marie le 29 ou 30 mars. Je suis heureuse que la solitude ne lui pèse pas mais je connais la détermination de Serge lorsqu’il doit accomplir une tâche qu’il s’est fixé. Je sais aussi que Serge a de qui tenir, Mamie sa maman (que j’ai eu ce jour au téléphone) d’origine bretonne, a un tempérament d’acier et à un peu plus de 90 ans, elle ne lâche jamais rien lorsqu’elle a une idée en tête.
-Il n’a mal nulle part, je pensais qu’il aurait des courbatures ou pourrait se sentir fourbu de vivre assis, accroupi ou à 4 pattes mais tout semble aller pour le mieux de ce côté-là. Il applique régulièrement de la crème anti-échauffement notamment au niveau des fesses, du scrotum et de l’entre cuisse.
Du côté de Tana, une journée sans bouger et sans prendre l’avion, ou la voiture. Se poser est un luxe dont je me délecte et dont je profite pour mettre à jour le site, la compta, l’organisation avec l’équipe qui va nous rejoindre sur l’Afrique, avec les routeurs car les lieux de départ et d’arrivée en bateau sont importants pour organiser la partie terrestre et donc la suite de l’aventure. Prendre tout simplement le temps de penser, de poser les choses et de prendre des décisions. Voilà tout ce que l’on peut faire lorsque l’on est posé une journée au même endroit sans bouger. Un seul regret, je pensais que nous aurions le temps d’aller visiter la ville haute et de flâner à pied dans les ruelles et bien non. A 17H15, le jour décline pour laisser la nuit s’installer à 18H00 et il semble que lorsque vous êtes « Wasa » dans cette grande capitale de 1 million 800 mille habitants, il ne faut pas trop trainer à pied la nuit, encore moins avec un appareil photo ou une sacoche à la main. J’aime les marchés et nous descendrons à celui du quartier en contre bas. J’ai toujours pensé que ces lieux populaires nous font sentir l’âme d’un pays. Tout comme les lieux plus isolés et non touristiques.
Le voyage est pour moi, une recherche de l’authenticité. il s’agit de:
– S’intéresser à l’histoire pour mieux comprendre le contemporain.
-Regarder, observer, l’architecture des maisons, les publicités, les panneaux, les attitudes des gens qui se promènent, la vie rurale, profiter des regards que l’on vous jette, les sourires échangés.
-Se poser des questions et y trouver des réponses pour apprendre l’autre, le comprendre.
-Ne pas avoir de préjugés, se dépouiller de ses convictions et enfin ne pas partir du postulat que nous détenons la vérité universelle, en tant qu’occidentaux, sur ce qui est comme il faut ou non, ce qui est bien ou mal. Les voyages sont une source infinie de connaissances et d’ouverture sur les autres et sur le monde et même si aujourd’hui je ne suis pas allée flâner dans les ruelles de la ville haute, j’espère encore beaucoup voyager ….. avec Serge à mes côtés!