Ce matin, un départ pas très matinal vers le centre ville à 9H00, le temps de traiter quelques mails et de mettre le site à jour sachant que je n’en aurai sans doute pas l’opportunité ce soir.
Tamatave est le 1er port du Pays et c’est par ici que la majorité des marchandises arrivent au pays. Je m’attendais à une ambiance très concentrée avec voitures, densité de population. Cette ville de 210 000 habitants est somme toute assez tranquille, excepté aux abords des marchés où les Tuk-Tuk et Cyclo-Pousse se pressent dans la cohue.
Programme de la matinée: visiter quelques compagnies maritimes à commencer par SDV, géré par Bolloré Logistics, groupe français que nous avons essayé de contacter sans succès en France. Ce groupe bien implanté dans les ports africains auraient pu nous apporter un bon coup de main sur la partie logistique bateau. Si l’un d’entre vous a un tuyau ou une connaissance pour une petite porte d’entrée, nous sommes preneurs!
Le directeur d’agence, M. Dumont est occupé et M. Didi nous explique qu’ils ne font que de l’import-export et m’adresse à MSC qui assure une liaison Tamatave-Mahajanga. Nous nous rendons à MSC où l’accueil est plus chaleureux, ou tout du moins mes interlocuteurs ont une oreille attentive concernant le projet de Serge. L’envie d’essayer de trouver des solutions et de nous aider se fait sentir chez M. James. Je repars 45 minutes avec la confirmation qu’il n’existe plus de ligne de cabotage entre Tamatave et Mahajanga depuis le début d’année et qu’un transport en container terrestre sera très cher.
Pourquoi ces recherches alors que nous avons déjà tout prévu ou presque pour un transport terrestre avec la précieuse collaboration d’Olivier de Malagasy Tours? J’aime prospecter pour trouver les meilleurs solutions ou tout du moins de bons compromis. L’état des routes malgaches m’inquiètent. Middleton va hoqueter et je ne suis pas rassurée. Impossible de faire transiter Middleton par la mer, il ne nous reste plus qu’à assurer un maximum le transport terrestre. Il va falloir emballer, capitonner, arrimer à bloc le bateau sur sa remorque et la remorque dans le camion pour que plus rien ne bouge à l’intérieur. Je me suis levée sous pression et je reste sous pression, j’ai besoin d’être rassurée sur toute la mise en place de cette mission que j’appellerai « Opération Middleton à Madagascar »
Mora Mora Laure
Nous terminerons par quelques courses dans les 2 supermarchés de la ville et le bazar fraîchement réhabilité, un repérage des lieux possibles d’arrivée de Middleton sur Tamatave, au cas où cela serait impossible de le débarquer plus au nord à Mahambo. Enfin, nous essayons de trouver des solutions pour confectionner des « bers » pour la remorque afin d’y déposer Middleton sur la remorque afin qu’il soit le plus stable et maintenu fermement.
15:00 – nous repartons et je ne suis pas entièrement satisfaite de nos recherches et nos tribulations qui auront duré près de 6H00 à Tamatave. Je sais aussi qu’il faut arriver avant la nuit à Mahanbo, pour repérer les lieux et le temps à passer sur les routes est toujours un peu long.
Entre Tamatave et Mahanbo, les fleuves et rivières se succèdent, la végétation est toujours aussi dense et les habitations sur le bord de la route plus nombreuses qu’hier. La route borde l’Océan par endroit et j’imagine un petit point au loin: Middleton et Serge.
René et moi étoffons notre lexique de vocabulaire malgache avec Danz et Momo dans la voiture. Nous goûtons également des fruits, des gâteaux vendus sur le bord des routes. Le riz est utilisé partout et comme nous l’explique Danz, le riz se consomme matin, midi et soir chez les malgaches. Il est servi nature et vous pouvez le tremper avec du bouillon. Il est également utilisé dans la confection de pâtisserie: le Godro Godro (le O se prononce OU) à base de pâte de riz, lait de coco, cannelle et sucre et le Kuba (voir photos du jour), il s’agit d’une pâte de riz entourant une pâte de cacahuètes grillées et pillées. Ces 2 pâtisseries sont cuites au bain-marie et ne sont pas très sucrées.
16H45: arrivée à Mahambo à 85km plus au nord de Tamatave. C’est un village « balnéaire » avec des hôtels et restaurants partout.
L’accès à la plage me terrifie car il s’agit d’une piste ravinée et je ne vois pas un camion de 10 tonnes avec Middleton dedans l’emprunter. Nous trouvons une autre piste en meilleur état et un hôtel avec un accès à la mer. Nous faisons la connaissance de M. Joseph, qui nous accueille un peu froidement avant de comprendre notre requête et l’objet de nos interrogations sur un éventuel chargement du bateau depuis chez lui! Nous allons finalement discuter et beaucoup avancer avec lui, qui a des contacts privilégiés dans le coin. Il a lui même un bateau qu’il sort de l’océan et a donc l’habitude de la manipulation.
Les berceaux ne pourront être confectionnés, qu’une fois le bateau et la remorque arrivés à Mahambo et nous ne repartirons qu’une fois Middleton bien ficelé et empaqueté.
Vous comprenez déjà qu’une fois Serge arrivé, il ne repartira pas au galop dès le lendemain. J’ai hâte également de voir comment il va réagir à la terre et la position debout, lui qui me disait avant hier, qu’il ne se mettait jamais debout dans son bateau, trop de gite, peur de tomber à l’eau. Chaque mouvement est lent et calculé au préalable.
Les contacts avec Serge furent minimisés à quelques minutes le matin, pas de réseau l’après midi. Je n’ai pas eu le temps de suivre sa trace aujourd’hui étant en transit. Cependant, il est demandeur de nouvelles et de l’avancée de notre prospection.
Il est 19:00 lorsque nous posons les bagages et je sens la fatigue et la tension dans l’air
Mora Mora
Archives quotidiennes :
Un peu de décalage au pays du sourire -
22 mars 2015: Départ de la fine équipe (Momo, Danz, René et Laure) vers Tamatave (Toamasina) ce matin à 8H30. L’équipe de Malagasy-Tours a oeuvré hier pour préparer le véhicule. A bord, nous avons le matériel de camping, les courses faites à Tana, nos bagages, et un groupe électrogène fraichement acquis.
Ce voyage d’environ 350 km, nous permet de reconnaître le parcours terrestre que Serge empruntera dans une dizaine de jours. Nous repérons les lieux possibles d’hébergement et de campement et nous réalisons que même si cette partie Est est plus peuplée que la partie Ouest, nous ferons essentiellement des campements. Ceux-ci ne sont pas toujours faciles à trouver car la végétation est dense, le peu de place qu’elle laisse au bord de la route est déjà prise par de petites maisons de bois sur pilotis sur la côte et avant de rejoindre celle-ci, la montagne et les rivières ne laissent guère d’aires plates et accessible pour un campement. Les parkings pour les poids lourds et porte containers sont inexistants. Si l’un d’eux tombe en panne, il reste sur la route et se signale par un triangle rouge. La nationale 2 que nous emprunterons est l’unique axe qui relie le plus grand port du pays, Tamatave à la capitale Tana. Et toutes les marchandises transitent par cette route.
Nous laissons derrière nous la fraîcheur de Tana qui s’étage entre 1200 et 1400 mètre d’altitude, la pollution et cette fourmilière de voitures. Sur notre route, les véhicules seront quasi inexistants dans les villages traversés, la population utilisant essentiellement des taxi brousses et la marche à pied. Je réalise que Serge ne va pas se sentir seul lorsqu’il va courir sur cette nationale.
Nous découvrons tous les fruits de la saison, à Madagascar les produits consommés sont frais et par exemple vous ne trouverez pas de Litchi dont la cueillette débute vers le 15 novembre et dont la récolte ne dure qu’un mois, tous les fruits arrivant en même temps.
C’est en ce moment la pleine récolte des bananes, des Tchi chinois ou Rambuten, des goyaves, et encore bien d’autres fruits que je n’avais vus nulle part ailleurs.
Un autre aspect qui me frappe rétroactivement: il ne semble pas y avoir de grandes exploitations fruitières. La montagne, la campagne ne sont pas divisées en lots, par des clôtures ou barbelés et moralité je ne sais pas à qui appartiennent ces arbres qui jouxtent la route et qui semblent être arrivés là par le plus pur des hasards sans être véritablement plantés. Nous découvrons également des petits lopins de rizières à flanc de colline, moi qui pensais que le riz ne pouvait pousser que dans des zones marécageuses et donc humides en tout temps.
Ce qui frappe également, c’est le nombre impressionnant d’églises de toute confession: catholique, protestante, évangélique, des sectes. Et en ce jour dominical, la majorité de la population a revêtu son bel habit pour aller à la messe, les enfants ont à la main, leur livre de prières.
Le sourire est sur tous les visages ouverts et lumineux. Pour beaucoup, ils font sans eau, ni électricité, ni voitures cela ne n’empêche pas les malgaches de rayonner.
La voix de Serge est également rayonnante lorsqu’à 17H30, alors que nous venons enfin de trouver un campement qui aura lieu après Tamatave, il me raconte qu’il a reçu la visite d’un chalutier malgache, averti de sa présence par le Cross de Le Port à la Réunion, il est venu aux nouvelles du galérien. Cette rencontre aura duré 30 minutes, tout le monde parle français et des photos sont prises de part et d’autres. J’espère que Serge a pensé à immortaliser l’instant lui qui n’ouvre pas son ordi et ne répond pas aux SMS. Je ne sais pas si « l’ours » de mer existe mais Serge doit en être un spécimen.
Ce soir au menu Paëlla et un dodo qui va le porter jusqu’à la mi parcours soit 195 milles nautiques parcourus depuis Le Port. Il en reste autant pour atteindre l’Ile de Sainte Marie. Dans une semaine, Serge devrait débarquer de son navire Middleton. Il me tarde de vous raconter pourquoi cette barque se nomme Middleton.
Voici les messages de Michel, envoyés à Serge -Mais quand dort il ?
Envoyé : lundi 23 mars 2015 04:26
À : sergegirard@wanadoo.fr
Objet : Run row
Salut,
Serge passe la mi parcours, super
A remis cap un peu plus Nord parfait , dérive nocturne due au courant de NE , rien de terrible , c’était prévu,
A+Michel
Envoyé : lundi 23 mars 2015 05:23
À : sergegirard@wanadoo.fr
Cc : Maxime.Debert@sat-ocean.com; Xavier.Vigan@sat-ocean.com
Objet : run row
Bonjour,
Serge à la mi parcours, file une route parfaite vers St Marie, compensant parfaitement son cap en fonction des variations du courant. Arrivée prévue le 29/03 entre 15 et 20h00UTC,
Passage de la mi parcours 195milles parcourus.
Prévisions
23/03
Vent E 10-15noeuds
Averses
Houle ESE 1.4mètre 10secondes
Courant NE 0.3 a 0.5noeuds
Pression 1014hpa
24/03
Vent E 10-14noeuds
Houle SSW 1.5mètre 11secondes
Courant NE 0.6 a 0.4noeuds
Pression 1013hpa
25/03
Vent ESE 11-15noeuds
Houle SSW 1.6mètre 12secondes
Courant ENE 0.3 a 0.2noeuds
Pression 1013hpa
WP7 18°33S 52°04W