Si il y a quelques siècles, les pirates accostaient sur les îles de l’océan indien aujourd’hui Serge et Middleton abordent Sainte Marie sans tambours ni trompettes guidés par quelques bateaux et pirogues locaux et bon nombre de villageois sur le bord de la plage.
L’abordage de Sainte Marie n’est pas chose aisée à cause des massifs coralliens. Notamment au sud de l’île, le lagon est très étendu et la barrière de corail également, vous passez d’une profondeur de quelques centaines de mètres à quelques centimètres et les cailloux comme ils les appellent ici sont un danger pour Middleton qui: 1- risque de s’échouer et 2- risque de se fracasser sur ces coraux, la houle y étant plus présente à proximité.
Nous récupérons Serge à l’approche de cette barrière, car le vent du sud-est fait dangereusement évoluer Serge vers le nord ouest, vers cette barrière qui se rapproche de nous inexorablement. Notre rameur est à la lutte mais rien n’y fait, nous décidons de le remorquer sur 2 milles nautiques pour longer le récif corallien et le sortir de ce mauvais pas. Je le rappelle de façon inlassable, Middleton au milieu de l’Océan sera une barque robuste mais à proximité des côtes et dès qu’il y aura manipulation, la barque devient très fragile et vulnérable.
Nous avions évoqué la solution de la passe entre l’Ile aux Nattes et Sainte Marie d’autant que Serge aurait pu rejoindre cette passe sans problème, mais avec 25cm de fond, le safran « NON ESCAMOTABLE » de Middleton se serait brisé (environ 50cm). Il ne restait plus que la solution du sud de l’Ile aux Nattes mais Serge était trop à l’est de l’Ile pour approcher et récupérer en toute sécurité l’ouest de l’Ile. Bref, Serge reprend la rame et il rejoint la passe (pas de coraux et profondeur acceptable) de l’Hotel Bora à proximité de l’aéroport, où une équipe de plongeurs va enlever le safran pour permettre à Serge d’aller accoster au ponton du restaurant La Varangue. Sans dérive, ni safran, il va encore ramer au sens propre comme au figuré (fatigue et stress) jusqu’au ponton de La Varangue mais là autre complication, la passe est très étroite et Middleton dérive avec le vent et les cailloux sont à fleur d’eau. Francis le marin de La Varangue maîtrise le passage de cette passe difficile après un moment de panique générale qu’il faut calmer. Sur le ponton, la musique et les danseurs, les villageois de Vohilava, l’équipe de La Varangue, les Vazahas des hôtels alentour. Une belle arrivée, pleine de chaleur humaine en plus de la chaleur ambiante.
Serge descend du bateau et perd l’équilibre les 3 premiers pas comme si il était ivre, surpris.
Il n’a que peu dormi la nuit précédente et il a les traits tirés mais il se prête à l’accueil qui lui a été réservé et va faire 3-4 pas de danse avec les danseuses. Puis suivra la séance photo.
Et son premier rêve devient réalité lorsqu’il tourne le robinet de la douche. UNE DOUCHE!
Serge est ce soir épuisé, lui qui se couche vers 17/18H va veiller jusqu’à 20H00. Il mange avec appétit mais se sent un peu nauséeux.
La nuit fut douce et bonne dans un bon lit. René va dormir sur un matelas sur le ponton à côté de Middleton et du gardien. Une nuit un peu venteuse semble t il.
Lundi 30 mars – Serge se lève et ne sent pas très bien au bout de 5 minutes de station verticale. Il mange malgré tout avec appétit son petit-déjeuner et je réalise qu’il a perdu beaucoup de poids sans balance, on jauge à environ 5 à 6 kg la perte de poids sur 12 jours, c’est énorme. Il va falloir qu’il se requinque.
Hubert, nous emmène en ville pour faire viser le carnet ATA et obtenir le visa de Serge qui est jusqu’à maintenant un clandestin sur le sol malgache. Tout sera rondement mené en 2H30 de temps. Mais Serge ne tient pas plus de 5 minutes debout, il semble en phase d’hyploglycémie permanente: suées, tête qui tourne, le visage qui se vide de ses couleurs et un gros état de faiblesse générale.
Il rentre et s’allonge – Scotché. Il commence à réaliser que la récupération risque d’être un peu plus fastidieuse que prévue et nous nous demandons si elle sera proportionnelle à la durée passée en mer – On espère bien que non.
Serge est sur le sol malgache, la première étape de ce tour du Monde
La deuxième étape va consister à relier la côte est à la côte ouest de la Grande île en courant. Demain le bateau sera remorqué sur la Grande Terre à Mahambo d’où Serge devrait se remettre en route sur ses deux pieds, on espère jeudi!