La pluie et le pont -

63,5km en 8H16′
Depuis 15 jours que nous déambulons sur la route, nous n’avions pas encore eu de pluie sur le temps de course. Un orage, une nuit et le soleil brillait dès le lever du jour mais ce matin, le ciel est bouché. Tout gris, le paysage est aplati par la grisaille et dire qu’il fait grand beau soleil sur Paris (dixit Zette).
Un départ avancé à 5H00 ce matin, pas tant pour profiter un peu plus de la fraîcheur mais pour cause d’un pont fermé à la circulation de 6H00 à 18H00 avec 2 créneaux de 1 heure durant lesquels les véhicules peuvent passer soit entre 10 /11h et 14/15H. Nous évaluons ce pont à environ 45/50 km du départ et Serge a calculé qu’en partant à 5H00, nous devrions pouvoir passer avec le camion entre 10 et 11H.
En tout cas, nous ne sommes pas écrasés par la chaleur et cela fait du bien après la fournaise d’hier. Serge a toujours une belle foulée et semble à l’aise, même si la nuit n’a pas été formidable: trop chaud sous la tente, puis des rafales de vent et enfin de la pluie. Ce petit cocktail n’a pas rendu la nuit très sereine. Serge a toujours besoin d’évacuer la chaleur accumulée pendant la journée et là ce ne fut guère possible. Cela nous a rappelé le Sénégal où Serge trempait une serviette éponge en quelques heures pendant la nuit.
Hier, nous avons été contacté par Delphine, une amie de Fifou ( de Sainte Marie, il avait assuré la sortie en avion). Delphine organise les Régates en Pirogues, celles-ci ont lieu le week-end de Pâques. Elle nous a croisé sur la route lorsqu’elle rentrait sur Tana et avec l’aide de ses amis, va organiser une belle arrivée à Serge dans cette ville de Majunga, qui abrite le 2ème port du pays.
Guillaumette, son amie, habite depuis 25 ans à Majunga et son mari a l’habitude de naviguer sur les océans de part le monde. Nous sommes attendus et cela fait chaud au coeur.
L’humeur est un peu molle dans nos troupes : le lever matinal à 4H15′ pour nous et plus tôt pour Danz et Hassina, le stress du passage du pont avec quand même l’immense privilège d’avoir été averti par des amis de Danz et Hassina hier, sinon aucun panneau, aucune information sur cet aléa d’importance, concernant la fermeture de ce pont 10 heures par jour!
J’ai rencontré le chef du chantier qui m’a expliqué que ce pont à voie unique a été construit en 1927 et que depuis rien n’y avait été réellement fait, pas d’entretien donc. La surcharge des camions avaient bien abimé la structure. Les travaux de la réfection sont gérés par un partage franco-malgache, et financé par le fond mondial de ?? Je ne sais pas. Il s’étend sur 276 mètres au dessus du fleuve Betsiboka dont l’estuaire se situe à Majunga. Sa couleur ne donne pas franchement envie de s’y baigner, ni de faire sa lessive avec mais sa largeur et la puissance de l’eau qui s’écoule, il en impose. On se sent bien peu de chose face à une telle force de la nature.
La pluie a cessé peu avant Maevatanana ( traduction littérale: belle ville) et c’est le point stratégique qui va nous permettre de faire quelques courses à la va-vite car Serge ne s’arrête pas, le temps de lui dire qu’il faut prendre à gauche à la fourche et d’acheter un peu d’eau minérale, du chocolat que Serge réclame depuis 3 jours (avec la chaleur, il faut que ce soit consommé illico- presto), un peu d’essence pour le groupe, du pain pour le plaisir de tous et surtout de Danz qui en a mangé 2 ou 3. Cela devait lui manquer. Danz nous a acheté des menakely, beignets sucrés qui sont excellents sauf pour le régime, et les éternelles mofogas que nous consommons maintenant quasi quotidiennement avec modération car toutes ces bonnes choses sont frites dans l’huile.
Serge en mange également, lui ne craint rien quant à sa ligne, mais ma balance visuelle me fait dire qu’il n’a pas perdu de poids!
Nous sommes à moins de 200 mètres d’altitude et cet après midi, le soleil tape derrière les nuages, difficile à expliquer, en tout cas vous êtes moites sans rien faire et Serge est à tordre même sans pluie. Il changera d’ailleurs de vêtements au kilomètre 48 après le pont et se passera un peu d’eau douce car il a des échauffements à l’entre-cuisses relativement douloureux.
Le camp se plantera un peu plus loin que celui prévu par Serge mais les places accessibles ne sont pas légion et nous faisons toujours pour le mieux pour trouver un bon endroit en fonction du kilométrage souhaité par notre coureur. Faire 2 km de plus que prévu, ne l’a pas beaucoup affecté et c’est tant mieux.
Ce jour, excepté à Maetavanana où le réseau pulsait, nous n’avons plus eu de réseau ensuite même pour les téléphones portables! René ne pourra pas parler à Michelle sa femme qu’il a quotidiennement au téléphone. De mon côté, je n’ai rien vu de la ville car le nez sur l’ordi pour répondre au mail et mettre à jour le site et nous étions déjà repartis…
Hassina a mal à la tête ce jour – Danz a marché 5 kilomètres sous la pluie et a pas mal mis ses écouteurs. De mon côté j’ai bien rigolé au camp en voyant Serge allongé presque nu dehors avec ses lunettes de soleil: » Moogli superstar attend sa maman louve » titre d’un remake? Peut-être que cela ne fera rire que moi. Qui sait ?