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Vers le nord -

Que vous dire à part qu’on y croit et c’est déjà cela!
Notre progression à René et moi est moins cahotique que celle de Serge et même si nous ne savions pas que nous serions sur Pemba cet après-midi l’aventure continue. Un maître mot, adaptabilité!
Serge remonte vers le nord et nous aussi du coup, avec maintenant l’espoir que Serge arrive à bon port car sinon ce sera la Tanzanie, et là c’est une autre histoire. Si vous visualisez une carte autant dire que nous sommes au nord du Mozambique et Pemba est le dernier port possible pour agir dans ce pays. Un pays criant de contrastes avec plus de la moitié de population qui vit sous le seuil de la pauvreté et des prix exorbitants que nous subissons. Entre 100 et 150€ une nuit d’hôtel, un prix de location de véhicule prohibitif de 300€ avec 100km/jour inclus et le gazole à payer en plus. C’est incroyable quand on sait que la majeure partie de la population n’a pas l’eau courante, boit l’eau des rivières et que les enfants meurent encore de dysenterie! Tout cela me met dans tous mes états mais cela ne change rien aux problèmes.
Ici le business est roi, les chinois et autres multi nationales qui exploitent le pays le font vivre d’une certaine façon (concessions, TVA à 17%) mais franchement Picsou avec les dollars dans les yeux n’est pas loin et cela me révolte. C’est sans aucun doute une des raisons qui freinent d’ailleurs le tourisme. Et pourtant le potentiel est là avec 2000 km de côtes et le peu que nous ayons vu, c’est franchement beau!
Serge arrivant à Pemba, veut dire 1600 km de course à pied rien qu’au Mozambique et la roue tourne. J’ai annulé mon job du mois de juillet et maintenant je crains qu’août soit problématique et on ne vit pas de Tour du Monde et d’eau fraîche. Autre problème, la haute saison de juillet et août en Namibie et Mozambique rend problématique la location des véhicules qui ne sont plus disponibles. Mais voilà, c’est le lot d’une telle aventure et loin d’être résignée, on ne baissera pas les bras.
Je viens d’écouter le message laissé par Serge, que j’ai mis en ligne ce matin et franchement comment voulez vous baisser les bras. Nous travaillons depuis 2 ans sur ce projet alors maintenant on y va et haut les coeurs. D’autant que nous rencontrons des gens formidables, à l’image de Shirley et Mike hier au Kwalala Lodge et ce jour en la personne de Sébastien Urbain de chez Bolloré Africa Logistics , qui a la tête froide et nous a accueilli avec tant de prévenance. Quelle richesse que de croiser toutes ces personnes! Je ne parle même pas de toutes ces rencontres à Madagascar il me faudrait un chapitre entier pour les énumérer toutes.
Je pensais qu’il y aurait du répit et je me rends compte que je ne serai jamais en paix tant que Serge sera sur l’eau. Même si ce soir Serge est sur des rails, je sais aussi que ce passage par le nord ne sera pas une simple formalité. Je sais aussi que Serge reste en état de vigilance accrue et cela me réconforte. Pêchez de confiance serait néfaste et le contournement de Mayotte et des Comores se fera sous haute surveillance.
Serge a oublié de vous raconter une anecdote. Ce matin il m’annonce qu’il a eu la peur de sa vie et là j’avale ma salive. « J’ouvre ma cabine et je vois un énorme oiseau sur mon panneau solaire sur le coffre arrière, il a dû y passer la nuit car j’ai nettoyé un tas de fiente énorme avant de prendre mon café ». Ouf, ce n’est que cela. J’en souris de soulagement. Pour terminer cette petite histoire, Serge avait nettoyé tous ses panneaux solaires hier, cela me fait penser à la personne qui nettoie ses vitres avant que ne la pluie tombe. Serge était heureux d’avoir des nouvelles de son fils Sébastien, ce qui se fait rare est précieux. Ce soir à 17H00, au téléphone, il avait une bonne voix, c’est fou ce qu’une voix peut transmettre lorsque l’on ne voit pas et que l’on imagine juste !
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